Le chimiste et entrepreneur valaisan David Crettenand, fondateur de l’entreprise RedElec Technologie SA, basée à Riddes, a mis au point un procédé révolutionnaire qui réduit considérablement l’importante empreinte écologique de la teinture du denim, le tissu à la base duquel sont fabriqués les blue-jeans.
Également basée à Riddes, la société Sedo Engineering, qui jouit d’une licence exclusive sur cette nouvelle technologie, produit désormais chaque mois une nouvelle machine, destinée au marché asiatique.
L’entreprise valaisanne RedElec Technologie SA révolutionne l’industrie du textile, grâce à un procédé électrochimique qui divise par dix l’empreinte écologique de la teinture du denim, le tissu qui sert à la fabrication des blue-jeans. Traditionnellement, pour obtenir la couleur bleue du pantalon, le tissu doit être trempé dans un mélange d’eau et d’indigo, un pigment qui donne sa couleur au denim. Selon ce procédé, très polluant, la fabrication d’un seul jean nécessite, outre le colorant, des centaines de litres d’eau, des pesticides, ainsi que de puissants détergents. Le procédé mis au point en douze ans de recherches par David Crettenand, permet de diluer l’indigo dans l’eau par électrolyse, sans utiliser des produits chimiques.
Quinze machines déjà vendues
En 2014, l’entrepreneur valaisan a cédé le droit de licence de sa technologie, pour le secteur textile, à un groupe italien qui a fondé, également à Riddes, la société Sedo Engineering. Le groupe a consenti un investissement initial de 2 millions de francs pour la mise au point de la première machine destinée aux fabricants de denim. Aujourd’hui, le carnet de commande est plein: «Quinze machines ont, pour le moment, été vendues. Elles sont parties en Chine, au Pakistan, au Bangladesh, ainsi qu’au Vietnam. Certaines sont encore en cours d’installation. Nous avons pris du retard en raison de la crise sanitaire», indique David Crettenand.
Sous le label «Smart Indigo», Sedo Engineering compte désormais produire une machine par mois, capable de teindre 25 à 30’000 blue-jeans par jour, dans le but de s’implanter dans tous les pays producteurs. L’entreprise vend chaque mois une nouvelle machine, à un million de francs l’unité. David Crettenand précise: «Les réacteurs électrochimiques sont fabriqués en Valais. Les systèmes périphériques, notamment toute la tuyauterie, viennent d’Italie. Après quoi, les pièces détachées sont expédiées chez le client pour l’assemblage final. L’investissement est relativement modéré, quand on sait que deux ans suffisent pour rentabiliser une machine. Cependant, pour le moment, ce sont des petites marques émergentes qui promeuvent leurs jeans en choisissant des toiles denim plus écologiques. Les grandes marques sont encore réticentes. Elles craignent qu’un bluejean ‘plus vert’ ne dévalorise le reste de leur production, confectionnée selon des méthodes classiques.»
Appel aux investisseurs
Actuellement, Sedo Engineering emploie neuf personnes pour la production des réacteurs électrochimiques utilisant la technologie mise au point par l’entrepreneur valaisan. De son côté, RedElec Technologie emploie, outre son fondateur, deux collaborateurs qui travaillent sur un projet de développement du traitement des eaux usées industrielles. David Crettenand espère pouvoir accélérer bientôt la cadence de production des machines «Smart Indigo», en conservant les forces de travail en Valais.
Selon lui, «le prochain défi sera de trouver des fonds pour garantir notre croissance et répondre à la demande du marché». Il appelle les investisseurs suisses à s’engager dans le capital de Sedo Engineering SA.
Article complet: La Revue Polytechnique Par Georges Pop